Abdullah Gül, le président du pays le plus vilipendé dans les rassemblements de l’UMP effectue une visite de trois jours en France.
Comme le rappelle le journal le Monde, c’est pour éviter qu’en pleine campagne pour les élections européennes, elle n’apparaisse comme une faille dans l’intransigeance de notre président, ostensiblement allergique à la candidature de la Turquie à l’UE, que l’Année de la Turquie avait été rabiotée de plusieurs mois. Elle est réduite à une simple Saison qui se clôtura en mars, en pleines élections régionales en France.
Mais personne n’irait imaginer que l’accueil un tantinet glacial réservé au chef de l’État invité pourrait avoir pour objectif de caresser l’électorat français dans le sens de sa xénophobie. Madame Merkel, pourtant elle aussi opposée à l’entrée de la Turquie dans l’UE, vient de conserver sa fonction de chancelière allemande sans avoir eu besoin d’afficher qu’elle faisait la tête au premier ministre turc lorsqu’il était en visite officielle. Et on peut sérieusement douter que ses positions contre l’adhésion de la Turquie suffisent à expliquer sa popularité près de ses compatriotes.
Le moment phare de cette visite devait être l’inauguration au Grand Palais de l’exposition qui s’annonce superbe (je ne l’ai pas encore vue) : « de Byzance à Istanbul, une ville pour deux continents ». Côté organisateurs turcs, plus de 30 journalistes avaient été conviés. Mais tout ce joli monde, Turcs comme leurs confrères français, a été prié de rester à l’écart pendant le sprint de 12 minutes qu’a duré la visite. Qui sait, certains d’entre eux pourraient avoir la mauvaise idée de ressortir éblouis par la riche histoire de la ville et réaliser combien celle-ci est liée à celle du reste de l’Europe. Hélas, Byzance, n’est pas en Cappadoce. Ça aurait été plus pratique. La visite officielle aurait pu se réduire aux salles qui lui auraient été consacrées.
Et puis, sait-on jamais, le raffinement du président turc pourrait faire naître un peu de nostalgie chez certains mauvais esprits. Jusqu’ici les chefs d’État français avaient l’habitude de laisser une trace de leur passage par un musée ou une grande bibliothèque. Depuis le ton a changé et on a appris que pour appartenir à une grande civilisation, il suffirait de s’afficher catholique, manger du porc et boire de la bière . C’est du moins ce dont certains sont persuadés . Du coup le président turc ne remplit aucun critère. Contrairement à nombre de ses compatriotes, ce n’est pas le genre à s’offrir une petite bière Efes – ce qui constitue au moins un point commun avec son homologue français.
Au cours d’un déjeuner de travail qui, comme c’est la coutume, se serait correctement passé, selon le porte parole de l’Elysée (pas de conférence de presse non plus), le président français aurait chaleureusement félicité la Turquie pour sa politique de détente avec l’Arménie. Mais heureusement que Charles Aznavour était présent à Zurich où les accords qui devraient permettre de normaliser les relations entre les deux pays viennent d’être signés et qu’il ne cachait pas son plaisir d’y être. On aurait du mal sinon à croire à l’enthousiasme français. Espérons qu’en Afghanistan, les troupes turques et françaises se considèrent comme alliées, plutôt qu' »amies ». La situation y est suffisamment tendue comme ça.
En tout cas les hommes d’affaires français se comportent en hommes d’affaires. Les entreprises françaises sont devenues les premiers investisseurs en Turquie , et on apprend que ça devrait continuer. Au moins dans le domaine du nucléaire, l’Allemagne ne devrait pas nous faire trop de concurrence. Reste que pour Areva ce n’est pas gagné .
Paris avait quand même fait un geste. Pour l’occasion .la Tour Eiffel était illuminée des couleurs de la Turquie. Mais selon le quotidien turc Today’s Zaman, l’Elysée aurait fait pression sur la mairie de Paris, si bien que les illuminations prévues pour plusieurs semaines ne dureront que 6 jours. C’était aussi la durée, 6 jours, de la visite d’un chef d’Etat considéré, lui, vrai ami de la France.
Le président turc l’a finalement échappé belle. Si son pays avait été fait partie de ces privilégiés, il aurait peut-être découvert une tente yoruk plantée devant sa résidence et des danseuses orientales se trémoussant à l’entrée du Grand Palais.
Sais-tu que ce cher Sarkozy est venu visiter le Grand Palais avec un un chewing gum dans la bouche…Je suis sure que Gul avait trouve ce geste americain tres « chic »….!!!!
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Bravo
Quelle honte ce président.
J’adore la conclusion, brillante !
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turki en force
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