Décidemment le football turc sait surprendre. Ouverture (démocratique) au stade Inönü titre le quotidien Hürriyet qui relate la fraternisation des supporters de Besiktas et de Diyarbakirspor, lors du match qui a opposé leurs équipes le 4 décembre dernier. Des scènes plutôt rares dans les tribunes d’un match de football et d’autant plus quand c’est Diyarbakirspor – le club de la plus grande ville kurde du pays – qui joue à l’extérieur.
Les deux équipes ont montré l’exemple en arrivant ensemble sur le stade en déployant une banderole sur laquelle était inscrite » Kalbinin sev » (aime avec ton coeur) et en allant, toujours ensemble saluer les tribunes , avant que le match commence.
Les supporters de Besiktas et de Diyarbakir ont repris en coeur « Nous soutenons l’ouverture », « Nous sommes Besiktasli « . Puis les tribunes ont scandé à l’unisson « Noir- Blanc » (couleurs de Besiktas) suivi de » Rouge – Vert » ( celles de Diyarbakir).
Ca changeait drôlement de l’ambiance qui régnait le 26 septembre dernier dans le stade de Bursa, où les supporters de Bursaspor avaient accueilli ceux de Diyarbakir par un immense panneau clamant » Heureux celui qui se dit turc ! » et des chants nationalistes, suivis de slogans haineux comme « PKK dehors », « batards d’Apo » etc.. Les deux camps s’étaient ensuite copieusement arrosés de jets de pierres et autres projectiles. Il y avait eu une dizaine de blessés dont des enfants.
Cetin Sümer, le président de Diyarbakirspor avait ensuite rappelé à ceux qui étaient venus en brandissant le drapeau turc que lui aussi était un citoyen du pays. Mais lassé que son équipe soit ainsi régulièrement stigmatisée envisageait même de la retirer de la ligue. Le match du 4 décembre devrait leur redonner le goût des déplacements.
Les clubs de Besiktas et de Diyarbakir avaient sans doute soigneusement préparé la rencontre du 4 décembre. Cela étant, de telles scènes entre supporters sont forcément en grande partie spontanées et sont révélatrices de l’esprit qui règne dans les clubs.
Ca fait des années que je réponds invariablement « Besiktasliyim », quand on me demande quel club de football je supporte en Turquie. Depuis qu’une petite fille de l’ïle de Bozaada m’avait demandé « Beskitasli misin? » un jour où j’étais habillée en noir et blanc. Il avait fallu qu’on m’explique ce qu’elle voulait dire. Mais depuis, qu’ils mènent ou qu’ils soient en difficulté, je suis restée fidèle. Et ce n’est pas prêt de changer – il faudrait que je finisse quand même par assister à un match.
Evidemment le score final de 0 – 0 a du décevoir Besiktas.. (et faire plaisir à Diyarbakir). Mais si ce match reste inscrit dans l’histoire du football turc, ce ne sera sans doute pas pour son score.
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