Izmir adore Atatürk. Elle lui prouve en le gravant dans la pierre. La photo est prise d’un taxi qui me conduisait à la gare routière. Le chauffeur m’avait donné le coût de cette monumentale sculpture, mais je ne l’ai pas retenu.
Sur la pancarte il est marqué : » Nous soignons et gardons les malades alités ».Je présume qu’on les guérit aussi …
Le portrait du fondateur de la République de Turquie, est affiché dans tous les commerces de la ville. Il y a toujours été, mais ces dernières années, le format est passé à la taille supérieure. Et on se revendique volontiers « giaours » (non musulmans), surtout depuis que le chef du gouvernement AKP , Recep Tayyip Erdogan, a qualifié ainsi la ville. La Grèce voisine, d’où des grand-parents ont souvent été expulsés en 1923 est une des destinations priviligiées pour des courtes vacances de la bourgeoisie.
Les femmes de la bourgeoisie commerçante d’Izmir me rappellent assez les femmes demies de la bourgeoisie polynésienne. Elles sont sûres d’elles, aiment bien manger et s’amuser, adorent s’habiller avec élégance, surtout pour les soirées. Et peuvent être un tantinet arrogantes. Et comme en Polynésie, il y a beaucoup de très jolies filles, parfois très sexy à Izmir.
Bien des fenêtres aussi affichaient l’effigie d’Atatürk à côté du drapeau, dans ce quartier que j’aime bien. Le 29 octobre, la fête nationale turque, approchait.
Un quartier sympa sur la route de Cesme, entre la baie d’Izmir et la colline boisée, et qui devrait le rester, alors qu’avec l’urbanisaion galopante, chaque année les collines voisines se couvrent de nouveux immeubles. C’est un luxe dans cette métropole où les espaces verts sont rares et où la chaleur devient étouffante en été. La spéculation des années 70, qui a remplacé les maisons basses du front de mer par une cordon d’immeubles n’a pas arrangé les choses.
Evidemment, en s’arrogeant une vue imprenable sur la baie, ces immeubles ont aussi privé leurs voisins d’un air un peu plus frais. A Tahiti, où l’urbanisation pouvait pourtant être catastrophique (remblais privés tolérés, terrassements sauvages à flanc de montagne etc – pour le respect de l’environnement, on est loin de la Nouvelle-Zélande ! ), les immeubles de cette taille étaient interdits en front de mer. Heureusement, parce qu’avec le climat tropical ça aurait été insupportable. Surtout aux heures d’embouteillages, épouvantables à Tahiti. Heureusement que je vivais dans les ïles…
La circulation à Izmir, disons que c’est un compromis entre celle des îles sous le Vent et les délices du trafic d’Istanbul par une journée pluvieuse… Et c’est une ville qui malgré son manque de verdure et le regard quelque peu sévère d’Atatürk qui maintenant la domine, ne manque pas de charme. La baie d’Izmir est superbe. Et surtout, les environs sont magnifiques. Et pas seulement le littoral de la mer Egée, l’intérieur du pays aussi recèle des trésors.
C’est à Izmir que j’ai passé la premiere soirée de ce millénaire. Si je dis soirée, c’est que la nuit du réveillon, j’étais à Berlin. Mais je voulais revoir mes amis d’Izmir, avant de repartir pour le Pacifique, si bien que le matin du premier janvier 2000 je prenais un vol Berlin-Izmir. A l’aéroport défilait des images de Tahiti où on s’apprêtait à ouvrir les bouteilles de champagne. A cette heure là on était encore resté dans le millénaire précédent dans les îles.
Ce qui n’a plus rien à voir avec Atatürk, bien sûr. Grâce à Tarkan, on s’était mis à danser oriental dans toutes les boites de nuit de Tahiti ainsi que dans toutes les fêtes d’école du moindre atoll polynésien. Ce qui m’avait arrangé, le tamuré je préférais laisser ça aux Tahitiennes, autrement plus douées pour cette danse que moi. Mais Atatürk y était resté méconnu.
Il faudra que j’aille faire un pélerinage à Izmir pour voir ce qui semble être le mont Rushmore turc. J’étais à Izmir en décembre mais personne ne m’a parlé de cette sculpture.
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En fait, c’est plutôt le périphérique qu’elle domine. Pas terrible pour organiser des pèlerinages. Mais tout le monde doit la connaitre, c’est difficile de la louper de la route.
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