Urfa est sûrement ma ville préférée en Turquie. J’y étais allée sur les traces de « ma chanson« . Ceux qui la connaissaient m’avaient juste dit qu’elle était belle et que s’y trouvait un lac avec des poissons sacrés. Je ne m’attendais pas à découvrir Balikligöl.
Un jour de février où j’y étais revenue, Urfa m’avait réservée une belle surprise : la neige. Un phénomène assez rare dans cette ville proche de la frontière syrienne, plus réputée pour ses étés brûlants que pour sa couverture neigeuse.
Mais quand une ville se sent aimée, elle peut être imprévisible.
On trouve des images de Balikligöl à profusion sur les sites de voyageurs. Mais les images de Balikligöl sous la neige sont plus rares.
C’est la différence de températures entre l’eau du bassin et ses poissons sacrés et celle de l’air qui crée cette brume magique.
Quelques mois auparavant, j’avais été littéralement subjuguée par les clichés du photographe iranien Seifollah Samadian, exposées à la 8 ème biennale d’Istanbul. J’avais revu au moins 3 fois la vidéo » White Station « . Une femme marchant dans une rue de Téhéran sous des rafales de neige.
J’ai appris plus tard que Seifollah Samadian avait été assistant d’Abbas Kiarostami, un cinéaste que j’adore. Mais ce matin de février j’avais pu réaliser ma « white station » à moi.. (si le photographe voyait ces clichés il trouverait que j’exagère).
N’empêche que j’avais cette vidéo à l’esprit quand j’ai réalisé ces clichés.
Celui ci peut-être surtout.
Fait rarissime, le vieux marché couvert était resté fermé ce matin là. Mais bien sûr les gens se promenaient dans leur ville sous la neige.
Et non, ce n’est pas Kars ou Erzurum, c’est bien Urfa…
Ici kinali kar (Sebahat Akkiraz)
Quelques mois plus tard je me rendais pour la première fois au Kurdistan irakien. Avec un copain photographe nous étions allés au temple Yézidi de Lalesh où se déroulaient de grandes festivités. Après la visite du temple proprement dit, j’avais abandonné cet ami et le jeune garçon qui lui servait le guide, pour retourner près du Mir Gahmuran. J’avais laissé près de lui mon sac avec mes pellicules photo. ( je dois dire aussi que je n’étais pas fâchée de renoncer pour un moment à m’aventurer davantage sur les dallages de pierres brûlantes – on marche déchaussé dans toute l’enceinte sacrée et le soleil de juillet tape dur).
Le Mir recevait un hôte, un documentariste iranien. Evidemment, je lui ai parlé des photos de Seifollah Samadian. C’était un de ses amis. Il m’avait même donné son adresse mail. Je ne l’ai pas contacté bien sûr. Mais je m’étais promis d’aller un jour à Téhéran, qui doit être une ville passionnante . Un jour, j’espère, mais pas avant d’avoir appris au moins à déchiffrer le perse.
Et rien à voir avec la neige, mais c’était ces jours là que des copains baklavaci d’Urfa m’avaient fait découvrir la chanteuse kurde Aynur .
Et ici la traduction en anglais des paroles de Keçe Kurdan.