Murat Elibol , 21 ans, abattu par balle lors d’un meeting à Diyarbakir, avait écrit ce poème prémonitoire à Van, où il était étudiant, et d’où il avait fui après le séisme du 23 octobre. Comme promis dans mon précédent billet, en voici une tentative de traduction.
Adieu Amed !
Adieu à tes rues qui connaissent ma solitude.
Cette nuit je laisse choir mon cœur du haut de tes murailles.
Que mes rêves aient la consistance d’un thé bien fort.
Adieu, cité brisée de mon cœur.
Kiosque du Gazi , jardins du Hevsel
Enfants abandonnés du destin.
Salut fleuve Tigre. Prends moi dans tes eaux valeureuses,
Que me soit donnée une part de ta noblesse, à moi aussi.
Mon dernier regard est pour toi, Amed.
Murat Elibol, assassiné le 3 décembre 2011 à Amed (Diyarbakir)
(tentative de) traduction : anne
Version originale
Elveda Amed !
Elveda yalnızlığımı paylaştığım sokaklar.
Bu gece yüreğimi, son defa bırakıyorum surlardan aşağıya.
… Hayallerim ise; demli bir çay kıvamında kalsın.
Elveda yüreğimin yitik kenti!
Gazi köşkü, Hevsel bahçesi.
Terkedilmiş kaderimin çocukları
Merhaba Dicle ırmağı, al beni hırçın sularına,
Asaletinden bir parça kalsın bende
Son bakışım bu sana Amed…
Murat Elibol (octobre 2011)