Le processus de paix, dit « processus d’Imrali » vient de recevoir le soutien clair et massif du parlement européen. Le commissaire européen à l’élargissement Stefan Füle s’est dit prêt à apporter son soutien à ce processus qu’il a qualifié d’ « historique ».
Il est vrai qu’il a fallu une sacrée évolution de la classe politique et de l’opinion publique turque pour rendre possibl,e ce qui n’a pas encore vraiment pris la forme de négociations avec Öcalan le leader du PKK, vénéré de ses sympathisants au point que des centaines de prisonniers politiques aient entamé une grève de la faim ayant conduit certains aux portes de la mort pour mettre fin à l’isolement total et au silence auxquel il avait été astreint pendant plus d’un an.
La plupart des députés qui se sont exprimés en séance plénière et Lucinda Creightona, l’actuelle présidente irlandaise de l’UE, ont appelé tant la communauté kurde et que les autorités turques à tout mettre en œuvre pour que ce processus aboutisse à la fin de 30 ans de violences. Et le Parlement européen s’est engagé à suivre de près le processus enclenché.
Les députés européens ont ainsi dénoncé l‘assassinat des 3 militantes kurdes, le 9 janvier à Paris. Un assassinat dont l’objectif était de faire dérailler le processus de paix ont-ils à leur tour souligné.
Ce soutien européen a été chaleureusement accueilli par le BDP (le parti pro kurde, proche du PKK) – et le plus pro européen des partis de Turquie où beaucoup ne croient plus trop à l’intégration du pays à l’UE . Selahattin Demirtas, le vice président du parti qui avait fait le déplacement à Strasbourg a assuré que son parti comptait bien tout mettre en œuvre pour que ce processus aboutisse à la paix.
Mais selon lui, pour que le leader emprisonné puisse jouer son rôle de négociateur, il est indispensable que les échanges avec le BDP soient facilités. En effet depuis le déclenchement du processus une seule visite par 2 élus du BDP – Ahmet Türk et Ayla Aytan Ata – a été autorisée, le 3 janvier dernier. Demirtas, réputé proche des commandants de Qandil, demande lui aussi à rencontrer le leader emprisonné.
Il a dit aussi attendre de nouvelles réformes judiciaires en Turquie (où la législation anti terroriste a permis d’ envoyer des dizaines de milliers de sympathisants et militants – dont des centaines de mineurs – pro kurdes en prison), la libération des prisonniers politiques et la liberté de presse. En effet, la majorité des dizaines de journalistes emprisonnés en Turquie, sont des journalistes travaillant pour les médias kurdes.
Le premier ministre Tayyip Erdogan a « répondu » que l’organisation des visites à la prison d’Imrali était du ressort du ministre de la justice. Cela étant, il est quand même probable que sur cette question aussi sensible, le ministre se risquera difficilement à prendre une décision sans l’accord du chef du gouvernement…
On peut voir la vidéo du débat au Parlement Européen ICI